Bio-20 : Journal aux puces

Bio-20 : Journal aux puces

  • 31 mai 1980 : Vers 19 h, nous allons au spectacle de danse de Colombe (et de son partenaire, Steve). Nous nous assoyons en premier à la table et, lorsque d’autres personnes arrivent, je refuse de céder ma place pour rester assis près de ma « matante » Denise.
    • On danse comme des fous. Denise essaie de faire un cha-cha-cha avec moi, sans grand succès. Après quoi, Denise, Colombe et moi dansons chacun une valse avec un partenaire invisible et, étrangement, on a plus de succès.
  • 14 juin : Fête de Suzie, la sœur de Roger. Je commence à être très familier avec sa mère : chaque fois qu’elle me voit, elle me lance des « becs par la malle » – une expression populaire à l’époque quand on voulait parler de becs à distance qu’on faisait avec la main, des becs par la poste, par la mail.
  • 26 juin : Roger me demande de passer sa Presse lundi matin parce qu’il va commencer à travailler chez St-Hubert BBQ à 5 $/h.
  • 30 juin : Dans l’autobus en allant voir le dentiste à l’Université de Montréal (UdM), je remarque des publicités sexistes et j’ai envie de les barrer avec un gros X au crayon marqueur.
  • 3 juillet : Je lis Apprends à vivre  – un livre spirituel / religieux – et Roger me donne le premier discours qu’il doit faire à l’église.
  • 8 juillet : En regardant le monde dans l’autobus vers l’UdM, j’ai envie de faire lever les hommes pour laisser la place aux femmes.
  • 16 juillet : Roger et moi achetons un cactus pour la fête d’Alex, son frère, que j’ai déjà croisé à l’école parce qu’il est au même niveau que nous.
    • Colombe et moi sommes invités pour son souper de fête en même temps que Val, une amie d’Alex – dont José ne se souvient pas du tout en 2023, même si elle va prendre beaucoup de place en 1980 !
    • Alex reçoit un chat pour sa fête, au grand dam de Val qui est allergique.
  • 17 juillet : Je vais à la piscine avec Roger, mon cousin Yvan et Colombe. Alex et Val viennent nous rejoindre et on apprend à mieux se connaître.
  • 18 juillet : Je me lie d’amitié avec Alex et Val, tandis que Colombe s’attache davantage à Roger.
    • Colombe part à la campagne pour aller garder les enfants de Denise – José pense qu’elle devait être déménagée à St-Jean-sur-Richelieu depuis le 1er juillet.
  • 1er août : Je réalise que je me tiens souvent avec Alex. Je reste souvent chez lui une fois que Roger est reparti. Et j’ai toujours droits aux becs de sa mère.
    • Je vais souvent avec Colombe et Alex encourager l’équipe de balle molle de Suzie et Val. On se retrouve souvent tous les 5 pour jouer au Toc chez Val ou pour nous baigner à la piscine Fullum. Parfois, Roger et Peter (ami et voisin de Roger) se joignent à nous.
    • Je prends la ronde de Presse à Peter – ce qui durera pendant toute la fin de l’été, selon les souvenirs de José qui se revoit monter et descendre la grande pente de la rue Iberville, entre Sherbrooke et Hochelaga.

  • 2 août : Roger, Alex et Suzie vont au Parc Belmont avec leur père (biologique) et d’autres membres de leur famille qu’ils ne voient pas souvent.
    • Val nous demande, à Colombe et à moi, si nous voulons y aller aussi, ce que nous faisons, en invitant Peter pour être un chiffre pair (de manière à ce que l’un de nous ne se retrouve pas seul ou avec des étrangers dans les manèges).
    • Nous arrivons vers 15 h et nous nous amusons comme des fous. J’éprouve beaucoup de plaisir avec Val – José trouve drôle de ne plus se souvenir d’une fille qui semblait beaucoup le charmer à l’époque. Il la trouve souvent géniale, pas comme les autres et il aime particulièrement la faire rire ou la faire fâcher, parce qu’il aime les airs qu’elle peut faire. Et il semble tellement déçu parce qu’elle choisit de s’assoir avec sa sœur dans les manèges (sauf quand celle-ci a trop mal au cœur).
    • Vers 16 h, la famille de Roger arrive. Peter s’en va vite avec eux. On se retrouve donc à 3 pendant tout le reste de la soirée.
    • Un couple qui monte devant moi dans une voiture des montagnes russes, n’arrive pas à s’installer avec leur troisième passager. Ils me le confient pour la promenade. Je me retrouve donc à faire le fou en parlant à un ourson géant assis à mes côtés, ce qui amuse beaucoup Val, assise derrière moi avec ma soeur.
    • Nous repartons en autobus après minuit. Val n’aime pas qu’on se moque d’elle en disant : « Regardes-y donc la face ». Elle faisait une de ses moues, avec le petit nez en l’air comme une femme de haute classe. Elle pensait qu’on riait de sa face ou de son nez. Je lui dis spontanément qu’au contraire, on aimait bien son visage, enfin, moi, j’aimais bien son visage.
  • 5 août : Peter devient insupportable pour tout le monde (surtout pour Val) et Colombe aime de moins en moins Val qui, selon elle, est une vraie enfant gâtée – en fait, José pense que c’est parce Val tournait autour d’Alex depuis sa séparation d’avec Suzie et que Colombe ressentait aussi quelque chose pour Alex; elle hésitait à savoir lequel des deux frères (Alex et Roger) gagnerait un jour son cœur. Malheureusement, un peu plus tard, son choix s’arrêtera sur Roger, le gars qui voulait devenir prêtre.
  • 15 août : Martine nous propose de venir chez elle la semaine prochaine. Colombe et moi voulons bien y aller mais nous devons trouver quelqu’un pour passer ma Presseoui, oui, c’est rendu celle de José – et quelqu’un pour prendre soin de son chat qui était malade.
    • Peter refuse de m’aider en prenant ma Presse. Ma mère trouve que c’est un maudit chien et tout le monde me dit un commentaire similaire. C’est Roger qui accepte de la passer même s’il travaille à temps plein au St-Hubert.
    • Suzie, la sœur de Roger et d’Alex – et oui, ce dernier a une soeur et une ex qui porte le même nom – accepte de s’occuper du chat de Colombe. On aura qu’à leur prêter nos clés de l’appartement.
    • Martine ne peut pas venir nous chercher alors on doit se trouver quelqu’un pour nous conduire.
  • 18 août : C’est George, le frère de Martine et Denise, qui nous emmène à St-Antoine-sur-Richelieu. Ma mère nous accompagne.
    • Nat avait grandi et France était merveilleusement jolie.
    • Je vois leur chambre pour la première fois et j’admire des animaux que France a dessiné sur des cartons de paquets de cigarettes – Ah! C’est peut-être France, finalement, qui lui a donné des cartons Export pour son jeu (voir Bio-8).
    • Colombe a apporté ses walkies talkies et on les utilise en jouant à la cachette, jusqu’à tard le soir. – Ils grimpent dans les arbres, se cachent dans les champs de maïs et se cherchent à l’aide de lampes de poche. José se rappelle avoir éprouvé beaucoup de plaisir et un peu peur lorsqu’il s’est retrouvé seul au milieu du champ. En relisant son journal, il constate comment sa relation avec France était beaucoup plus simple et amicale. Faut croire qu’ils avaient un peu vieilli tous les deux.
    • Pour la première fois, avant de rentrer pour nous coucher, France me salua comme si nous avions une vraie relation d’amitié, comme Val le fait tout le temps avec moi à Montréal.
    • Pendant ce temps, à Montréal (on l’apprendra plus tard) :
      • Joséphine (l'ex-blonde de mon frère) accouche de son petit Marc.
      • Roger cache un crucifix dans la chambre à Colombe pour la protéger du démon.

  • 22 août : Boucherie de poulet !
    • Tous les jeunes se retrouvent à la cueillette de concombres (ce qui est très épuisant et me redonne mal au dos à force de me pencher) alors que Martine et ma mère aiguisent les couteaux et les haches.
    • Colombe et moi nous cachons dans la maison en écoutant la musique assez fort pour ne pas entendre le massacre.
    • Curieux, je décidai quand même d’aller voir la tuerie des poules à la chaîne.
    • Jacques leur coupait la tête avec la hache, sur une grosse buche. Puis, alors qu’elle gigotait et pissait un peu de sang, il la trempait dans l’eau bouillante où elle cessait de gigoter. Après une trempe dans l’eau froide, il l’accrochait par les pattes à une corde.
    • Suspendue à l’envers, décapitée, elle continuait de saigner un moment tandis qu’une autre équipe la déplumait. Ma mère et le père de France s’occupaient de ça, je finis par me joindre à eux – José se souvient combien il avait détesté l’odeur des poules mouillées. Mais il avait quand même bien ri quand Jacques avait laissé une poule pas de tête courir partout.
    • Finalement, à une autre table, Martine et la mère de France vidaient les poules avant de les emballer.
  • 24 août : De retour à Montréal, je m’empresse d’aller chez Roger, pour reprendre les becs de sa mère et raconter ma semaine de vacances, principalement à Alex.
  • 4 septembre : Premiers cours en secondaire V.
    • Colombe entre à la Polyvalente Joseph-François Perreault qui ont une concentration en musique.
  • 14 septembre : Je réalise que j’ai un certain talent d’écrivain à travers les textes que j’écris dans mes cours de français – José n’est pas sûr de son fameux talent, mais il se rappelle comment sa prof aimait lire ses textes pour donner l’exemple aux autres élèves. Il aimait bien ce genre de valorisation même s’il ne l’avouait pas. Il avait d’ailleurs refusé de monter en groupe enrichi en secondaire III parce qu’il préférait demeurer un des meilleurs du groupe régulier.
    • J’écris aussi deux grands poèmes en pensant un peu à France.
  • 15 septembre : Ma tante Mado (sœur de ma mère, mère d’Yvan) accouche de son sixième enfant, une belle petite fille qui allait porter le prénom de Marie-Claude.
    • Elle allait devenir importante pour moi parce que j’allais devenir son parrain. Je demande à Dieu qu’il m’aide à être un bon parrain pour elle.

  • 29 septembre : Colombe fait son entrée chez les Ritmiks de Montréal, une fanfare dans laquelle elle va jouer de la trompette.
  • 2 octobre : Pour la fête de Colombe, Roger lui écrit de tendres paroles. « L’amour surpasse l’être aimé aussi bien que l’être qui l’aime. Il est une promesse qui ne s’épuise jamais. Puisse cette nouvelle année t’apporter beaucoup de bonheur et de grands succès. D’un ami qui t’aime. »
  • 8 octobre : Je découvre mes talents de comédien dans mon cours d’anglais où Alex et moi présentons un sketch humoristique dans lequel je suis un journaliste qui passe une très mauvaise journée. Je reçois une flèche dans le derrière et le Stade olympique sur la tête.
  • 18 octobre : Colombe participe à sa première fête avec les Ritmiks. Roger l’accompagne, mais il m’a raconté avoir été déçu parce qu’il n’a pas pu danser un slow avec elle.
  • 20 octobre : Je commence mes cours de conduite automobile avec Lauzon, dans les locaux de la polyvalente.
  • 25 octobre : Je m’intéresse de plus en plus aux romans policiers.
    • J’ai presque terminé le brouillon de mon premier roman : Meurtre à l’arrache-cœur.
    • Je fais un beau discours de présentation de Témoin muet d’Agatha Christie en jouant, d’une manière très dynamique, l’un des personnages du roman.
  • 26 octobre : Colombe joue son premier morceau à la trompette, Le petit roi (de Jean-Pierre Ferland) et ça me semble bon.

  • 28 octobre : Roger est en train de changer et je ne le comprends plus du tout. Il est en train de devenir de plus en plus pentecôtiste, comme Jacques et Martine.
    • Je n’ai jamais aimé les religions. Pour moi, Dieu ne regardera pas la religion que tu pratiques, si tu as été baptisé ou pas, ou bien à quel âge tu l’as été. Je crois en Jésus-Christ et j’essaie d’être bon dans ma vie. Et je me dis que, si moi je suis capable d’aimer les gens qui sont bons avec les autres, Dieu, cet être fait d’amour infini, sera capable d’accepter tous ceux qui ont fait du bien, peu importe leurs croyances.
  • 2 novembre : Le prêtre vient chez ma tante Mado pour nous préparer au baptême de Marie-Claude.
    • Le soir, ma mère, Colombe, mon cousin Yvan et moi allons aider mon frère et Louise, sa blonde, à peinturer leur nouvel appartement.
  • 9 novembre : Le baptême de Marie-Claude est marqué par les pleurs éternels de celle-ci et la fête qui suit la cérémonie n’est pas très intéressante.
    • Colombe chante avec Suzie (la sœur de Roger) et Amélie (sœur d’Yvan). Marion (l’autre petite sœur d’Yvan), la marraine de Marie-Claude (sa sœur), n’a pas l’air de savoir quoi faire ou d’apprécier son rôle et elle semble bouder toute seule dans son coin.
  • Novembre 1980 : Roger ne sait plus où il en est. Il ne veut plus se lancer en religion, il aimerait mieux aller en littérature pour écrire de belles pensées philosophiques.
  • Décembre 1980 : Louise et Serge sont bien installés. Mais Serge ne travaille pas et ma mère doit encore les aider. Louise s’inquiète et a hâte d’accoucher.
    • On commence de plus en plus à les accepter. Ils forment un couple et bientôt ils formeront une petite famille. Je vais devenir « mononcle », ma sœur, « matante » et ma mère, grand-maman.
  • 19 décembre : Fini l’école pour le congé des Fêtes. Je termine mon dernier cours pratique de conduite automobile. J’ai la meilleure note pour les virages, une note moyenne pour le stationnement et une faible note qui montre bien mes difficultés avec les changements de voies.
  • 23 décembre : Je termine le dessin d’un vampire – en utilisant la technique des petits points à l’encre de Chine que José adorait. Dessin qu’il finit par donner, comme ça, sur un coup de tête, à un agent d’assurance qui avait semblé, probablement par politesse, le trouver magnifique. Maintenant, José doit se contenter de son brouillon.
  • 24 décembre : Réveillon chez Serge, où Yvan et moi faisons les fous en dansant.
  • 25 décembre : Noël chez tante Mado, où Louise et Serge se joignent à nous. Les familles St-Louis et Capital sont au grand complet avec en plus ma grand-mère maternelle et mon oncle Marcel (le frère de ma mère et de Mado). On mange bien et on joue aux cartes.
  • 29 décembre : Je dessine aux petits points le visage d’une femme (voir Ponctuelle – 1).
  • 30 décembre : Louise accouche à l’hôpital d’une petite fille qui va s’appeler Justine. Nous allons les voir au beau milieu de la nuit.

     

À suivre dans : Bio-21 : Triste solitude ou tristesse solitaire
Fait suite à : Bio-19 : Étrange journal postréférendaire


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Notes, références et légendes des figures (numérotées de haut en bas)


Fig. 1 : Deux photos de José, prises et développées par José, dans son cours de photographie en secondaire V (1980-1981).

Fig. 2 : Une femme assise sur un banc bleu les yeux fermés. Photo de Anastasiya Badun sur unsplash.com.

Fig. 3 : Poulets. Photo de Zoe Schaeffer sur unsplash.com.

Fig. 4: Colombe dans les Ritmiks de Montréal. En septembre 1980. Photographe inconnu.

Fig. 5 : José avec Marie-Claude, sa filleule, le jour de son baptême, en novembre 1980. Photographe inconnu.

 

N.B. : Le texte ci-dessus est basé sur une histoire vraie. Cependant, n'oubliez pas que :
1) mes avertissements généraux s'appliquent aussi aux textes de cette section ;
2) il s'agit de ma propre vérité, à partir de mes points de vue et jugements personnels du moment ;
3) la mémoire est toujours un processus de reconstruction mentale et une faculté qui oublie ;
4) presque tous les personnages ont des noms fictifs.

 

MPMC

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