Folie ou phénomène inexpliqué ?

Folie ou phénomène inexpliqué ?

Plusieurs films me font réfléchir sur la folie. Quand je parle de folie, je parle de tout ce que l’on décrit comme étant des comportements aberrants (« comportements » au sens large du terme, ce qui inclut les pensées, les sentiments et les actions).

De nos jours, quand on parle de folie, on parle généralement de comportements anormaux, hors normes, qui ne respectent pas les lois de la statistique. Pas étonnant que l’homosexualité ait été considérée si longtemps comme une maladie mentale, comme de la folie. Je pourrais aussi vous citer le cas de l’épilepsie, considérée tout d’abord comme une possession démoniaque, puis comme de la folie, avant d’être un peu mieux comprise, comme un dérèglement du cerveau.

C’est l’évolution constante de la science qui nous permet au fil des siècles de faire passer un phénomène inexpliqué à un phénomène expliqué. Aujourd’hui, la folie (catégorie trop générique) a laissé sa place à une panoplie de diagnostics médicaux plus spécifiques : schizophrénie, trouble paranoïaque, trouble bipolaire, démence, dépression majeure, trouble de stress post-traumatique, etc. Tous ces termes réfèrent maintenant à des phénomènes expliqués et bien documentés. On ne dira plus (en tous cas, nous ne devrions pas le faire) à une personne dépressive qu’elle est folle.

Pourtant, n’y a-t-il pas encore aujourd’hui des phénomènes pour lesquelles nos explications ne nous satisfont qu’à moitié (comme les expériences paranormales du type fantômes, rencontre du troisième type, vie après la mort, etc.) ? Et est-ce qu’on devrait s’ouvrir à de nouvelles explications concernant ces phénomènes même si la science ne suit pas encore ? C’est ce que certains films me permettent de faire. Des films que l’on classera comme de la science-fiction ou du fantastique, mais qui nous ouvrent des portes vers de nouvelles explications. Je veux donc ici vous parler des films de ce genre qui m’ont le plus marqué.

Je vous ferais remarquer aussi, qu’en soi, ces films parlent toujours de phénomènes humains expliqués, et qu’ils permettent eux aussi (dans le détour) de nous révéler des choses sur nous même.

 

 

Quant à moi, Le sixième sens n’est pas un film d’horreur (une chance car je suis trop peureux pour en regarder…), même si j’admets qu’il peut nous procurer de bons frissons dans le dos et qu’il ne s’adresse pas à un public de tous âges (coeur jeune ou sensible s’abstenir !).

Personnellement, je suis devenu, comme beaucoup d’autres, un fan de M. Night Shyamalan. J’ai aimé les trois premiers films que j’ai vus de lui (Le sixième sens, L’indestructible et Signes). Je suis aussi assez vendu à la combinaison gagnante, Bruce Willis et un enfant (voir aussi Mercure à la hausse ou Le Kid.). Et quel punch final, un des plus réussis de toute l’histoire du cinéma quant à moi. Donc, j’ai vraiment aimé ce film pour bien plus que ce dont j’ai envie de vous parler.

J’ai envie de dire : « Enfin un bon psy au cinéma ! » J’avoue être souvent déçu par la performance des psys au cinéma et à la télévision (que l’on parle de psychiatres, de psychologues ou de psychothérapeutes de tout acabit). Mais celui-ci m’a plu, non seulement pour sa grande sensibilité et son professionnalisme, mais surtout pour sa grande ouverture d’esprit.

Malgré tout ce qu’il avait comme indice, il ne s’est pas contenté de diagnostiquer une schizophrénie et de médicamenter son client, il a continué à se questionner et à chercher un moyen de l’aider, en entrant, je devrais dire en s’immergeant, dans le monde étrange de l’enfant. C’est seulement comme ça, en s’immergeant entièrement (les gens qui ont vu le film savent à quel point il est entré dans le monde de l’enfant), qu’il a pu suggérer une solution aussi simple que celle-ci : « Si des fantômes ou des âmes égarées te rendent visite, offre leur ton aide. » Et ça marche, le petit garçon se sent beaucoup mieux parce que son sixième sens a dorénavant du sens.

Pour ça, il a fallu que le psy se pose ma question : Folie ou phénomène inexpliqué ? Il a dû envisager que peut-être qu’il était en train de vivre un phénomène inexpliqué malgré son scepticisme scientifique, et sa solution, en fait, est une sorte de compromis : que ce soit de la folie ou de l’inexpliqué, elle fonctionne. Ce n’est qu’à la toute fin qu’il en aura la certitude.

En conclusion, il m’arrive de penser que ce sixième sens illustré par le film n’est pas tant les pouvoirs extrasensoriels d’un petit garçon pas comme les autres, mais plutôt celui qu’un psychologue doit développer pour aller au-delà des apparences : l’ouverture d’esprit !

 

K-Pax est vraiment un film qui fait du bien au coeur et à l'esprit. Impossible de ne pas être séduit par le jeu de Kevin Spacey et sensible à la fois aux tourments du passé et au monde imaginaire qui habitent son personnage.

Je parle d'un monde imaginaire parce que j'ai tendance à me placer naturellement du point de vu de son psy (Jeff Bridges), c'est à dire que Prot est une invention que son personnage s'est construite pour échapper au traumatisme vécu. C'est une belle illustration du phénomène psychologique raffiné que peut être la dissociation. Il réussit à survivre à un traumatisme grave (meurtre de sa famille) en s'inventant un extra-terrestre et un monde plus beau et sécuritaire (la planète K-Pax). C'est une façon de voir le film qui est satisfaisante en soi. Le psy sent que le problème est résolu à la fin, quand il trouve le pauvre homme sous le lit. La dissociation est terminée : il a enfin accès au dépressif traumatisé à qui il pourra donner les meilleurs soins possible.

Et il y a l'autre histoire. Celle ou un extra-terrestre, Prot, pour sauver un vieil ami d'un traumatisme, prend possession de son corps et se charge de lui trouver quelqu'un qui pourra prendre soin de lui lorsqu'il abandonnera celui-ci. C'est une belle leçon d'amitié et de solidarité humaine (donnée par un extra-terrestre).

En fait, les deux histoires sont belles et on a envie d'y croire. Croire que des mécanismes psychologiques étranges sont utiles pour nous faire passer à travers les difficultés de la vie, croire que les psys ont l'esprit assez ouvert pour nous comprendre, croire que les extra-terrestres sont là pour nous aider (quant à être plus évolués que nous). Tout ça peut paraitre bien naïf, mais quelle belle naïveté.

M. Psytami (Octobre 2004).

 

Le sixième sens (The Sixth Sense) [1999]
Genre : Horreur
Classement : 13+ (scènes effrayantes)
Durée : 1h 54m
Réalisé par : M. Night Shyamalan
Écrit par : M. Night Shyamalan
Compagnie : Buena Vista Pictures
En vedette : Bruce Willis, Haley Joel Osment et Toni Collette.


K-PAX : l'homme qui vient de loin (K-PAX) [2001]
Genre : Aventure, drame, fantaisie, science-fiction
Classement : G
Durée : 2h
Réalisé par : JIain Softley
Écrit par : Gene Brewer, Bryan Goluboff
Compagnie : Universal Pictures
En vedette : Kevin Spacey, Jeff Bridges et Mary McCormack

 

Please publish modules in offcanvas position.