CA-2 : Trouve ton « Enfant intérieur » et dis-lui « I Love You ! »

CA-2 : Trouve ton « Enfant intérieur » et dis-lui « I Love You ! »

(Texte de José St-Louis et de Marie-Pascale Michaux)1

La meilleure façon de réduire l’impact négatif de notre Parent critique intérieur est de donner la parole à l’Enfant intérieur, de l’écouter avec bienveillance et de l’aimer inconditionnellement.

Le besoin fondamental de l’enfant

« Ma pratique en pédopsychiatrie m’a prouvé qu’au-delà de cet éveil de la curiosité, le petit a d’abord et avant tout besoin de l’autre. Pas de l’autre qui lui prépare des programmes d’apprentissage des langues ou de la musique, mais de l’autre en tant que présence, temps, affection, regards échangés, langage, corps expressif et émotions. Autant il a besoin de lait au sens propre du terme, autant il a besoin d’une autre nourriture, qui est celle du lien avec l’autre. Il n’a besoin pour cela d’aucun média, d’aucune médiation par un quelconque objet. Ce dont le bébé a le plus besoin, c’est d’un autre disponible, non pas pour le divertir, mais juste pour être là. Il a besoin de cette reconnaissance par l’autre, de cette mise au monde par le regard et la présence, qui, après l’avoir porté à la vie, va le hisser, par le lien, vers l’humanité » (Lamy, 2024, p. 51)2.

Wow! Voilà une très belle façon de lui dire « I love You ! »

Nos trois enfants intérieurs (spontané, soumis et rebelle) ont besoin de renouer avec ce lien primordial décrit par Lamy, un lien qui, malheureusement, a souvent été fragilisé par l’absence, la négligence ou la maladresse des parents d’origine. Heureusement, l’Adulte président d’aujourd’hui peut pallier ce manque en étant présent pour eux. À chaque CA intérieur, il leur permet d’être vus et entendus, d’être accueillis dans toutes leurs particularités, quelles qu’elles soient : spontanée, originale, créative, curieuse, blessée, docile, apeurée, coupable, soumise, révoltée, opposée, agressive, affirmative, etc.

Dans son très bel essai (cité ci-dessus), Le drame des enfants parfaits, la pédopsychiatre Céline Lamy livre un plaidoyer contre le surdiagnostic et la surmédicalisation chez les enfants. Elle propose de revenir à une approche bienveillante et plus respectueuse envers eux. Elle suggère aussi que tout adulte interagissant avec un enfant devrait prendre le temps de renouer avec son propre enfant intérieur. Elle en parle comme de la zone 00 (terme emprunté à l’agriculteur québécois Bernard Alonso 3) qui représente nos origines, nos valeurs profondes, notre potentiel et notre unicité.

« Il s’agit de notre « moi » du début, bien avant le modelage sociétal, ce petit « moi » dont nous nous sommes éloigné-e-s, puis coupé-e-s. Un être créatif, audacieux, ingénieux et sans limites. […] Il n’y a rien à forcer pour retrouver cette zone, on doit juste rechercher le petit en nous. Oui, il se cache bien, car il a peur. Très peur. Il est terrorisé parce qu’il a été blessé, brimé, malmené. Mais vous avez grandi et vous êtes là pour lui maintenant. Vous pouvez lui dire qu’il ne craint plus rien. » (Lamy, 2024, p. 58)

L’Enfant en soi

En dehors de Bern (voir Petitcollin, 2003 4) et de son analyse transactionnelle, la plupart des théoriciens ou cliniciens en psychologie distinguent rarement nos trois enfants intérieurs décrits un peu plus bas; ils parlent plutôt de l’Enfant en soi, mais ils s’entendent tous sur l’importance de le retrouver et de l’accueillir avec bienveillance pour contrer la pression du Parent critique (à qui ils donnent aussi d’autres noms : le Moi codépendant, le faux Moi, le faux Self, l’Ego négatif ou le Surmoi).

« Le concept de l’Enfant en soi fait partie de notre culture depuis au moins deux mille ans. Carl Jung parlait de l’Enfant divin, et Emmet Fox le nommait Enfant prodigue. Pour leur part, les psychothérapeutes Alice Miller et Donald Winnicott font référence au Moi véritable. […] L’expression Enfant en soi désigne cette entité vivante, énergique, créatrice et comblée qui vibre en chacun de nous : c’est-à-dire notre Moi véritable, celui ou celle que nous sommes vraiment. » (Whitfield, 2002, p. 17) 5

Cet Enfant en soi décrit par Whitfield correspond bien à l’Enfant spontané dont nous parlons. Pour Whitfield, la découverte, la libération et le rétablissement de cet Enfant en soi est au cœur de son approche dite de « recouvrance », un processus graduel de prise de conscience, d’acceptation et de changement qui entraîne, en se libérant du Moi codépendant, le rétablissement de la santé physique et psychique. Il favorisait cette démarche pour aider et soutenir les personnes alcooliques, dépendantes ou issues de familles dysfonctionnelles.

De la même manière, John Bradshaw (1992)6 nous invite à renouer avec notre Enfant intérieur et à prendre son parti en le protégeant et en lui donnant de nouvelles permissions. Il se concentre sur les blessures de cet enfant et comment, une fois blessé, celui-ci vient s’immiscer dans notre vie adulte. Sa méthode originale propose d’entrer en contact et de renouer avec chacun des enfants que nous avons été à différentes périodes de développement (nourrisson, bambin, préscolaire et scolaire) pour faire une réunification de soi.

« Si je vous demande de me montrer les personnes qui ont le plus de plaisir sur Terre, vous m’indiquerez fort probablement les enfants. Plus particulièrement les jeunes enfants. Si vous avez déjà pris un bébé dans vos bras, vous savez à quel point ces petits êtres dégagent un sentiment d’indescriptible béatitude. On voudrait les avaler tout rond. Ce qu’ils dégagent, c’est une innocence, une fréquence non teintée de doutes, d’inquiétudes, de stress et de remords. Ils n’ont ni passé ni mémoire. Ils n’ont que leur lien avec le présent. » (Morency, 2002, p. 58)7

D'une certaine façon, cet extrait parle de cet Enfant en soi qu’on a intérêt à écouter. Pierre Morency en fait même son « État d’esprit no 3 : avoir un âge mental de 4 ans », un des 4 états qui, selon lui, conduisent au succès. Il suggère que nous pouvons avoir une vie pleine de magie si nous faisons revivre en nous cette joie du moment présent. Et j’aime bien son idée que puisque l’évolution progresse toujours vers l’avant, les enfants sont plus évolués que leurs parents et leurs grands-parents et que : « c’est donc aux enfants à nous éduquer, pas l’inverse ! » (Morency, 2002, p. 59) Il parle de ses propres enfants comme des professeurs ou des gourous qui lui ont appris à se détacher de ses problèmes, à se libérer de ses complexes et à se concentrer sur le rire et le jeu.

Quant au célèbre animateur québécois Jacques Languirand, qui utilise lui aussi l’analyse transactionnelle dans son livre Prévenir le Burn-out 8, il place la réconciliation avec son Enfant naturel (ou spontané) au cœur de sa démarche de prévention et de guérison. « Il faut s’employer d’abord à tempérer l’influence du surmoi. Et il n’y a rien de tel pour y parvenir que de lui opposer l’enfant naturel. […] Donnez-lui la permission de vivre, de s’exprimer et de s’épanouir… » (Languirand, 1987, pp. 133 et 135). Pour lui, recontacter notre Enfant naturel, c’est reprendre contact avec trois aspects importants de la vie qu’on a oublié en vieillissant : la notion de croissance (évolution, transformation, chemin), la conscience corporelle (l’expérience tactile, le mouvement, la relaxation) et le jeu (exploration, créativité, plaisir, etc.).

Les auteurs mentionnés ci-dessus (et plusieurs autres d’ailleurs) suggèrent différentes stratégies pour augmenter l’influence de cet Enfant en soi (ou de nos enfants spontané, soumis et rebelle) : nous allons donc y revenir dans nos prochains articles sur notre CA intérieur puisqu’en augmentant l’influence de nos enfants intérieurs, on contribue à diminuer celle de notre Parent critique.

Pour l’instant, débutons donc la présentation de notre CA intérieur en décrivant un peu plus en détail les trois enfants qui en font partie parce que, à eux trois, ils nous fournissent des informations cruciales sur notre ressenti, l’état de nos besoins et les émotions qui nous habitent. Grâce à eux, l’Adulte président pourra prendre des décisions plus pertinentes au plein épanouissement de l’organisme.

L’Enfant spontané

L’Enfant spontané est l’être que nous sommes quand nous venons au monde. Au début, nous sommes entièrement enracinés dans notre corps, préoccupés exclusivement par notre survie et la satisfaction de nos besoins physiologiques : boire, manger, dormir et ressentir à travers les câlins et le jeu. Avec ses 5 sens l’enfant découvre progressivement le monde et ressent spontanément ce qui « goutte bon » ou pas pour lui. Il est totalement dans le « ici et maintenant » et colore son expérience de la vie avec les 6 émotions de base dont il dispose (pendant sa première année de vie) : joie, colère, tristesse, peur, surprise et dégout.

Ce petit personnage (qui se développerait entre 0 et 5 ans) demeure en nous toute notre vie et continue paradoxalement d’être le plus important et le plus grand de tous. C’est le « Prince en nous » disait Berne (voir Petitcollin, 2003 4). C’est l’essence même de qui nous sommes, l’embryon du vrai Soi (ou vrai Self). C’est la partie la plus riche, la plus proche de notre corps, de nos besoins et de nos émotions; celle qui permet de nous sentir libre, intuitif et créatif. L’Enfant spontané joue un rôle essentiel dans notre CA : il rappelle aux autres les informations qui viennent du corps (ressenti, besoins et émotions) et fournit toute l’énergie vitale, qu’il accumule et transforme, pour stimuler, mobiliser et activer les autres membres du CA. Cependant, il peut ne pas être suffisamment entendu dans le CA parce qu’on le considère souvent comme trop égoïste, trop puéril ou trop émotif et sauvage; ce que le Parent critique s’acharne à souligner pour qu’il entre dans le rang et devienne plus raisonnable.

Ce prince en nous peut nous guider vers un plus grand épanouissement car, intuitivement, il connaît le chemin, comme le cheval dans la célèbre anecdote de Milton Erikson qui ressemble à cette description 9 :

Vers l’âge de quinze ans, Milton est en train de jouer avec un ami sur la ferme de son père quand tout à coup un cheval égaré entre sur le terrain familial. Sans hésiter, il monte dessus. Son copain essaie de le prévenir : « Que fais-tu là ? Tu ne le connais pas ! C’est dangereux ! » Milton lui répond seulement qu’il est trop curieux et commence à trotter sur la petite route devant la ferme. Le cheval prend une direction sur la route puis se dirige vers le fossé pour brouter de l’herbe. Milton le ramène doucement vers la route. Le cheval prend une direction et se met à galoper. Il s’arrête quelques fois pour brouter dans le fossé sur le côté de la route, et chaque fois, Erickson le ramène doucement vers la route. Ils se promènent comme ça pendant quelques heures puis ils s’arrêtent à une croisée des chemins. Encore une fois, le cheval choisit une direction et se met à galoper. Ils arrivent rapidement à une ferme que Milton ne connait pas et s’arrêtent brusquement devant un vieux cultivateur agréablement surpris qui s’écrie : « Ça alors, c’est formidable ! C’est mon cheval ! Je ne pensais jamais le revoir ! Comment as-tu su que c’était le mien ? Comment m’as-tu trouvé ? Comment savais-tu où aller ? » Et Erickson répond simplement : « Je ne le savais pas, mais le cheval, lui, le savait. »

Dans cette histoire, le jeune Milton agit comme un Adulte président qui coopère parfaitement avec l’Enfant spontané représenté par le cheval. Il est souple avec lui, le ramène doucement sur la route quand il semble s’égarer, tout en le laissant choisir la direction qu’il prend, car lui seul connaît le chemin. Même si Erikson utilisait surtout cette métaphore pour décrire le cheminement thérapeutique et la relation thérapeute/client, elle s’applique bien à notre cheminement personnel et à la relation Adulte président/Enfant spontané.

L’Enfant soumis

Très tôt dans la vie, l’enfant constate que sa survie dépend des autres et il augmente peu à peu ses chances de rester vivant en leur plaisant : l’enfant est mignon et nous sourit parce qu’il veut vivre ! Instinctivement, il sent qu'il doit à tout prix éviter d'être abandonné ou rejeté par ces autres qui ont sur lui un pouvoir de vie ou de mort. Alors, pour éviter tout conflit et le rejet qui en découlerait, il s’adapte à nous, à l’environnement et aux personnes qui l’entourent en se soumettant. Grâce à des signes infimes qu’il capte, il sent l'approbation ou la désapprobation des autres et s'y adapte, développant ainsi l’Enfant soumis.

Au fil des années, ce personnage devient le plus fragile de tous, surtout s’il fait face à un Parent critique tyrannique sans avoir suffisamment de protection du Parent nourricier. Rapidement, il sera confronté à cette « peur primordiale d’abandon » qui le pousse à chercher l’approbation de ses parents et, par extension, de toute autre personne qu'il perçoit comme en position de pouvoir sur lui (frères et sœurs plus vieux, enseignant, patron, etc.). Cette peur d’abandon s’inscrit dans nos viscères en très bas âge et, à travers l’Enfant soumis, demeure en nous toute notre vie. Ce petit personnage semble le plus tourmenté de tous, il est souvent le porte-parole de la peur, de la honte et de la culpabilité. Il est toujours craintif, plaintif, docile, obéissant, en quête d’encouragement, de reconnaissance, d’approbation ou d’amour des autres. Lorsqu’il prend beaucoup de place dans un CA, il a tendance à voler le temps de parole de l’Enfant spontané et, comme il a si peur de se tromper, de mal faire et de déplaire, il essaie constamment de deviner ce qu’on attend de lui, en commençant par accorder beaucoup trop d’importance au discours du Parent critique.

Il a besoin d’écoute bienveillante et d’une place sécurisante pour s’exprimer parce que c’est lui qui porte toutes nos blessures d’enfant. Les trois enfants en nous (spontané, soumis ou rebelle) sont ancrés dans notre corps et peuvent nous donner les informations essentielles sur notre ressenti et, par conséquent, sur nos émotions et l’état de nos besoins. C'est ainsi que, si l'enfant spontané nous donne accès à notre vitalité, notre créativité, nos valeurs et nos aspirations, prendre conscience des manifestations de l'enfant soumis nous permet d'identifier nos vieilles blessures et les enjeux du passé qui sont réveillés par les situations présentes.

Dans notre métaphore du CA intérieur, on pourrait penser que l’Enfant soumis joue le rôle du « secrétaire » depuis sa naissance. Il a tout enregistré dans son corps, comme de véritables « procès-verbaux » qu’il ressort constamment pour nous guider en évitant le plus possible de reproduire nos erreurs et nos blessures du passé. D’un autre côté, son poste de secrétaire lui offre la possibilité d’enregistrer de nouveaux procès-verbaux dans lesquels, si l’Adulte président et le Parent nourricier jouent bien leurs rôles, il pourra inscrire des échanges relationnels plus souples et équitables qui favorisent un plus grand épanouissement personnel.

Dans un CA bien géré par un Adulte président, secondé par un Parent nourricier bienveillant, ses plaintes se transformeront progressivement en des opinions et des conseils favorisant davantage une bonne socialisation sans devoir se plier et s'écraser dans une position de soumission constante et suffocante.

L’Enfant rebelle

On dit que l’Enfant rebelle se crée dans la période du « terrible two » (entre 18 et 36 mois) où l’enfant vit généralement une poussée d’affirmation de soi et d’autonomie. Il veut s’individualiser pour ne plus être une partie de la mère avec qui il était fusionné. Cette fois-ci, c’est comme s'il coupait lui-même le cordon alors que les parent n’y sont pas préparés. Tout à coup, il devient difficile : il s’oppose, boude, pique des crises de colère, crie à l’injustice, critique et se révolte pour tout et pour rien.

« L’âge de l’affirmation, c’est aussi l’âge « terrible » où les parents se demandent par quelle aberration ils ont désiré avoir un enfant ! Le « petit monstre » ou la « petite sorcière » se fait un plaisir de montrer à ses parents à quel point ils ne sont pas doués pour l’éducation des enfants. […] Un seul grand principe semble maintenant diriger sa vie, celui de dire « NON ». Il ne sait souvent pas pourquoi il dit « NON » mais il n’est pas sans remarquer le pouvoir de ce mot. Il faut dire que, depuis qu’il se déplace seul et qu’il fait ses explorations, il a entendu ses parents le répéter à satiété, tantôt avec colère et tantôt avec inquiétude. Il a retenu l’importance de ce petit mot clé et c’est à son tour de s’en servir. » (Duclos, Laporte & Ross, 1994, p. 158) 10

C’est en disant non, au risque de faire peur à l’Enfant soumis et de contrarier le Parent critique, que l’Enfant rebelle revendique le droit d'exister comme une personne distincte et de s’affirmer, ce qui aide l’Enfant spontané à nommer un peu plus ce qu’il veut vraiment.

« L’opposition que manifeste l’enfant touche à tous les aspects de la vie familiale : l’habillement, les repas, l’entraînement à la propreté, l’entrée à la garderie, le jeu avec les autres enfants, le coucher, etc. C’est de cette opposition que naît la véritable affirmation de soi qui consiste à dire « OUI » à quelque chose, à donner et non pas seulement à retenir et à s’opposer » (Duclos, Laporte & Ross, 1994, p.161).

Il a envie de faire les choses par lui-même et de découvrir le monde sans entraves. On dirait qu’il naît par opposition à l’Enfant soumis qui a tendance à nuire au plein épanouissement. Et toute notre vie, il sera en réaction face à la peur de déplaire de cet Enfant soumis et à la tyrannie du Parent critique. Comme tout bon rebelle, il veut se libérer des entraves et de l’oppression en revendiquant son droit d’exister et sa liberté d’expression. Il devient le porte-parole de tous nos manques et de toutes nos frustrations. Comme il est très proche du corps, il utilise toute l’énergie désagréable de la colère pour la décharger, la sortir de lui-même, dans l’espoir maladroit de provoquer des changements dans son environnement : c’est la « crise de bacon » typique de l’enfant de deux ans ou la rage au volant d’un adulte immature qui n’a pas appris à gérer ses frustrations.

« Les parents se demandent souvent si leur enfant n’est pas en train de se transformer en « monstre » et ils craignent qu’il demeure à jamais instable, agressif et négatif. » (Duclos, Laporte & Ross, 1994, p. 168)

De la même manière qu’il est difficile pour le parent d’accueillir son enfant à cette période d’opposition, il est ardu pour l’Adulte président d’écouter cet Enfant rebelle, d’aller à sa rencontre et de se laisser surprendre par tout ce qu’il peut apporter.

« Se laisser surprendre par votre enfant, c’est aussi accepter ce qu’il vous renvoie. Jung11 parle de ces parts d’ombres en nous que nous ne voulons pas voir ni accepter, et que nos enfants, par leur attitude et leurs comportements, viennent activer et rendre inconfortables, nous mettant parfois en colère. On a le sentiment que cet enfant, on ne le comprend pas, qu’il vient nous chercher, nous provoquer. Mais il faut au contraire le voir comme un cadeau un miroir, un révélateur. Remercions-le, plutôt que de le bâillonner. Remercions-le pour tout ce qu’il nous pousse à réaliser sur nous-mêmes. Remercions-le de nous aider à grandir. » (Lamy, 2024, p.52)2

Nous pensons que l’Enfant rebelle est un bon porte-parole de cette ombre dont parlent Jung et Lamy. Tout ce que l’on a eu tendance à refouler depuis nos premières années jusqu’à maintenant : les tabous, les interdits, les comportements immoraux, les pulsions, etc.

Écouter l’Enfant rebelle permettra à un Adulte président du CA de bien identifier ce qui constitue des entraves sérieuses à la réalisation de la mission de notre organisme (le plein épanouissement). En permettant à l’Enfant rebelle de ventiler, il pourra canaliser cette énergie agressive et s’en servir pour exprimer aux autres nos limites, nous donner le droit de dire non, de mieux répondre aux demandes déraisonnables et de faire des demandes qui tiennent vraiment compte de nos besoins.

I love You, You and You

Face à ce trio d’enfants vivants et expressifs, le Parent critique ne fait pas le poids. Alors aimez-les comme ce que vous avez de plus précieux, la prunelle de vos yeux, tout ce qui compte pour vous. Protégez-les avec bienveillance comme vous faites généralement avec les être les plus fragiles que vous avez croisés dans votre vie. Pensez aux petits chatons qui font fondre votre cœur. Aimez-les et ils vous le rendront au centuple.

À suivre dans : CA-3 : Découvre le « Parent nourricier » de tes enfants intérieurs
Fait suite à : CA-1 : Trouve ton « Parent intérieur » et dis-lui « Fuck You ! »

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Notes, références et légendes des figures (numérotées de haut en bas)

1 : Ce texte (et ceux qui suivront avec la mention CA) est écrit en collaboration avec Marie-Pascale Michaux, ma grande complice de toujours sur les plans personnel et professionnel. Il constitue l’embryon du livre que nous rêvons d’écrire ensemble depuis un moment déjà. Marie-Pascale Michaux est intervenante psychosociale en relations humaines et technicienne en éducation spécialisée; elle a une formation en hypnose clinique et a étudiée à l’université en travail social. Pour plus d’informations, voir son site : http://www.lesbruines.com .

2 : Lamy, C. (2024). Le drame des enfants parfaits. Pour une permaculture de l’enfance. Atelier 10, collection Documents (# 26).

3 : Alonso, B. (2016). Permaculture humaine : des clés pour vivre la Transition, Écosociété.

4 : Petitcollin, C. (2003). S'affirmer et oser dire non. Suisse : Éditions Jouvence.

5 : Whitfield, C. L. (2002). L’Enfant en soi. Découvrir et rétablir notre Enfant intérieur. Éditions Sciences et Culture. Édition originale en anglais : Health Communications, Inc. (1987).

6 : Bradshaw, J. (1992). Retrouver l’enfant en soi. Partez à la découverte de votre enfant intérieur. Le Jour. Édition originale en anglais : Bantam Books (1990).

7 : Morency, P. (2002). Demandez et vous recevrez. Montréal: Les Éditions Transcontinental.

8 : Languirand, J. (1987). Prévenir le Burn-Out. Les Éditions Héritage Inc.

9 : Cette histoire du cheval de Milton Erickson est racontée de bien des façons par de multiples intervenants (sur internet et dans la littérature). Nous la racontons à notre manière en s’inspirant de plusieurs versions, notamment celle de Côté (2000)12 et celle de Verilhac et Blanc-Sahnoun (2022)13.

10 : Duclos, G., Laporte, D. et Ross, J. (1994). Les grands besoins des tout-petits. Les éditions Héritage Inc.

11 : Jung, C.G. (1997). L’âme et la vie. Le livre de poche. Édition originale (1963).

12 : Côté, J. (2000). La pratique de la thérapie par le tunnel. Carte Blanche.

13 : Verilhac, C. et Blanc-Sahnoun, P. (2022). La petite bibliothèque de l’approche narrative : sources, racines et ressources pour l’accompagnement. InterEditions.

Fig. 1 : Mon enfant intérieur (José St-Louis, 2019) sculpture sur bois, inachevée.

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