(Texte de José St-Louis et de Marie-Pascale Michaux)1
La meilleure façon de réduire l’impact négatif de notre Parent critique intérieur est de donner la parole à l’Enfant intérieur, de l’écouter avec bienveillance et de l’aimer inconditionnellement.
Pourquoi un titre aussi irrévérencieux ? Parce que ça le dérange, lui, le Parent intérieur. Aussitôt dit, aussitôt critiqué. On l’entend vociférer qu’on ne peut rien écrire de sérieux, de convenable, de professionnel ou d’intelligent avec un titre pareil.
Je crois que j’ai toujours fait de l’art comme thérapie. Tous mes dessins, peintures, collages, sculptures, poèmes, nouvelles, romans, bandes dessinées, récits fictifs, essais et plusieurs de mes travaux scolaires ont une saveur autobiographique. Toutes mes créations sont imbriquées dans mon propre cheminement personnel. Chez moi, le processus créatif a toujours été un processus thérapeutique. Mon journal intime n’échappe évidemment pas à la règle.
Il y a parfois de drôles de coïncidences dans la vie qui nous font immédiatement penser à la synchronicité. Je viens tout juste de regarder le film Rocket Man (le biopic d’Elton John) qui passait à la télé – que je zappais depuis un moment déjà – alors que je terminais aujourd’hui même ma lecture du classique d’Alexander Lowen (publié en anglais en 1967), Le corps bafoué1. Et dire que je lisais ce vieux bouquin qui traînait dans ma biblio en attendant de me procurer celui de Jack Lee Rosenberg (Le corps, le soi et l’âme2) un peu plus récent (1989) et directement lié à ma formation en PCI (Psychothérapie Corporelle Intégrée) que je poursuis depuis octobre 2019.
Comment traite-t-on les différentes problématiques relié à l'anxiété ? C'est la question à laquelle je vais tenter de répondre dans cette nouvelle série de textes. Essentiellement, nous pouvons agir sur trois facteurs importants : le corps, l'esprit et le comportement.
Il y a quelques années, j'ai vu un bon documentaire sur la peur (Les mystères de la peur dans la série Les grandes énigmes de la science sur France 2), un excellant document sur la peur et toutes ses composantes (le stress post-traumatique, la phobie, le plaisir qui peut y être relié, le comportement animal et humain, etc.). Saviez-vous que les mères Goéland ont une drôle de réaction pour protéger leurs petits : elles poussent un cri aigu pour hypnotiser leur progéniture. Ainsi, l'oisillon s'immobilise instantanément et le prédateur n'arrive pas à le différencier du sol. Mieux encore, l'immobilité de la proie contrecarre le réflexe d'attaque du prédateur que provoque généralement le mouvement. Se figer sur place devient donc un excellant comportement de survie. Impressionnant ? Pas pour ceux qui ont échappé à la mort en restant de glace face à un ours ou lors d'un vol à main armée...
Que fait-on après, une fois qu'on a appris à écouter et reconnaître notre anxiété ? Une fois que nous sommes convaincus que ce que nous ressentons est de la peur, de l'angoisse, de l'inquiétude ou un autre cousin de Mme Anxiété, que peut-on faire ? Une fois que nous nous sommes fait réveiller par l'alarme d'incendie et que nous avons détecté un feu, qu'est-ce qu'on fait ? On fuit !
Le plus souvent c'est ce que nous faisons d'une façon plus ou moins automatique. Parfois, on a tout de même quelques secondes ou minutes pour faire quelques vérifications : reste-t-il quelqu'un dans la maison ? Certains, plus audacieux, resteront plus longtemps que d'autres, pour récupérer des objets précieux (question de satisfaire leur insécurité financière), pour éteindre le feu eux-mêmes (question de satisfaire leur besoin de valorisation), pour nettoyer le logement avant la visite des pompiers (question de satisfaire leurs soucis de perfection ou leurs besoins d'approbation)…
SENSATION => PENSÉE => ÉMOTION MESSAGE => DÉCODAGE => SENS
Le message de nos sens n'est pas toujours facile à accueillir spontanément. Sans en être conscient, nous nous coupons souvent de ce que nous ressentons, soit pour nous éviter de la souffrance, soit pour nous sentir en meilleur contrôle sur nous-même (sur nos pulsions ou nos instincts ), soit pour simplement être en accord avec nos principes et croyances qui nous dictent ce qui est correct ou pas de ressentir dans telle ou telle circonstances...
A l'aide de deux exemples simples, je vais tenter de vous décrire comment fonctionne la messagerie de Mme Anxiété.
Premier exemple: Vous vous promenez dans la forêt, seul. Vous marchez lentement, admirant la nature dans toute sa splendeur. Ignorant les dangers potentiels d'une telle situation, vous êtes détendu...
Pour Joseph, demain est un grand jour. Il va enfin lire publiquement un poème sur sa mère décédée il y a un an, en l'honneur de son père qui vient de se remettre d'un cancer. Un doute l'envahit en le relisant. Exprime-t-il suffisamment bien ses émotions? Et l'inquiétude progresse au fur et à mesure qu'il essaye de corriger ses fautes d'orthographe. Il ne veut pas écorcher les oreilles de son père, professeur de français à la retraite. Compulsivement, il raye quelques fautes mineures en se félicitant de les avoir découvertes. Soudain, il sursaute à la sonnerie du téléphone. Son cœur bat la chamade quand il reconnaît la voix angélique de sa cousine Natacha, son premier amour inavoué.