Première tentative moderne (4 juin 2005).
Purge. Purge psychique. Purgation ou abréaction. Dans le sens d'une purge cathartique.
« Catharsis : 1- Philo. Selon Aristote, effet de «purgation des passions» produit sur les spectateurs d'une représentation dramatique. 2- Psychan. Réaction de libération ou de liquidation d'affects longtemps refoulés dans le subconscient et responsable d'un traumatisme psychique. »1
N.B.: J'ai commencé ce blog sous le pseudonyme de Sigmund-Pavlov (devinez pourquoi.)
Purge manquée. Page blanche. Tout à coup José est bouche bée et doigts ballants.
Je n'ai pas le goût de gâcher un si beau parchemin. Par des mots trop simples ou inutiles. Par des phrases qui ne veulent rien dire. Par des images qui ne me ressembleraient pas assez. Car je voudrais y mettre du mien. Mais en même temps, je n'ai pas le goût de me livrer, de jeter mon âme sur papier, d'étendre ma vie sur écran géant... Ou bien, ai-je envie ? N'est-ce pas le but de l'exercice? N'est-ce pas mon rêve avoué depuis toujours ? Écrire.
Je pensais vraiment que ça serait facile. J'avais dans l'idée de m'ouvrir sur mes blessures intérieures, sur mon deuil, sur le grand ménage que je pense devoir faire dans ma vie. Mais comme il a fallu beaucoup de temps pour créer ce blog, l'inspiration s'est dissipée. La grande purge sera pour un autre jour. Préparez vos mouchoirs !
Renaissance (28 octobre 2005). Imaginez maintenant, toute une vie racontée par un journal intime qui s’appelle Ti-Joe.
Me revoilà enfin. Je suis né en 1978... pour la première fois. Depuis, mon maître m'a tué et m'a ressuscité à de nombreuses reprises. Aujourd'hui, c'est grâce à la technologie et la mode... la mode des blogs. Combien de temps vais-je vivre cette fois ? Ça dépendra de lui, lui et ses humeurs, lui et sa vie. À bientôt !
Monsieur Ti-Joe Mont-Journal.

Hésitation (29 octobre 2005)
Bon, ça recommence, le revoilà qui hésite. Mon père vient de relire les premiers jours de ma création et cela l'a pétrifié. Rien ne semble s'être passé comme dans ses souvenirs. Il avait le goût de communiquer à un large public cette naissance, pensant que ce serait un bon exemple pour les autres, pour ses clients même, car les bienfaits de l'écriture autobiographique sont assez reconnus en psychologie. Mais il hésite maintenant. Il réalise que la tête d'un adolescent, cet adolescent là en particulier, est pleine de fantasmes peu communicables. C'est sa vieille peur d'être jugé qui refait surface. Je pense que ma renaissance s'annonce de courte durée.
T.J. Mont-Journal.
Dialogue entre Ti-Joe et José (6 novembre 2005)
- N'aies pas peur !
- J'aimerais bien.
- Qu'est-ce qui pourrait t'arriver de grave ?
- Perdre ma réputation.
- Quelle réputation ?
- Merci, c'est gentil de...
- Je plaisante.
- Il n'y a pas de quoi plaisanter.
- Voyons, ce ne serait certainement pas catastrophique.
- Je pourrais salir mon image de professionnel.
- Sérieux ?
- Oui, on pourrait dire que je me révèle trop, que je sors du cadre éthique.
- Et alors ?
- Mes clients ne doivent pas avoir accès à des facettes de ma vie personnelle.
- Parce que tu penses qu'ils n'y ont pas déjà accès chaque fois qu'ils te rencontrent.
- Peut-être un peu mais...
- Je pense que c'est même en grande partie ces petits aspects de ta vie qui les a attirés vers toi pour la première fois.
- Tu crois ?
- Oui, souviens-toi de celui qui a trouvé que tu avais l'air sympathique sur ta photo.
- C'est vrai ! Et l'autre qui me sentait très humain en lisant un de mes textes de psycho.
- Et l'autre qui avait entendu parler de toi comme d'un homme exceptionnel qui savait écouter.
- Ça venait d'un client satisfait!
- Avec qui tu n'avais utilisé aucune autre technique que celle qui consiste à être toi-même.
- Tu as raison. Beaucoup de clients apprécient mes qualités personnelles.
- Je pourrais aussi te rappeler ta collègue qui te réfère une cliente, une cliente qui a perdu son père quand elle était jeune, parce qu'elle sait très bien que tu es passé par là.
- C'est vrai que je travaille toujours avec ce que je suis.
- Et que tu te racontes constamment à tes clients.
- C'est pour illustrer mes propos.
- Oui, on peut dire que ta vie sert d'exemple, de modèle... à suivre ou à éviter.
- Des exemples qui peuvent s'avérer thérapeutiques.
- Exactement ! Écrire ta vie publiquement peut être aidant pour bien du monde, y compris tes clients.
- Je ne sais pas. Crois-tu vraiment qu'ils comprendront ?
- Fais leur confiance.
- Mais leur perception de moi va changer.
- Ne change-t-elle pas tous les jours? Ou à chaque instant ?
- J'évolue... c'est vrai! J'ai bien évolué depuis ta naissance.
- Et en commençant par parler de cette époque tu ne révèles pas grand-chose de ce que tu vis maintenant.
- Tu as raison, ma vie actuelle pourrait demeurer secrète... pour l'instant.
- Bien sûr ! Tout ce que tu veux peut rester secret. Tu n'es pas obligé de dire toute la vérité.
- Me suggères-tu de mentir ?
- Non ! Rappelle-toi ce que disais Gilles Sénécal sur la communication avec les médias.
- Ah Oui ! «Il faut dire la vérité... »
- «... Rien que la vérité... »
- «... Mais pas toute la vérité ! »
- Tu commences à comprendre.
- J'te signale que j'ai compris depuis longtemps que toute vérité n'était pas bonne à dire.
- Je sais, je pleure encore les pages que tu as déchiquetées patiemment du bout des doigts le jour où tu as décidé que tu ne voulais plus que les gens sachent la vérité sur ta vie sexuelle débridée. :-)
- Je ne le regrette pas.
- Et tu ne regretteras pas non plus ce que tu t’apprêtes à faire avec ce blog.
- Tu penses vraiment qu'on peut se raconter, sans tout dire, et que quelqu'un va s'y intéresser.
- J'en suis sûr !
- Même s'ils ne peuvent plus différencier le vrai du faux.
- Justement ! Parce que tu auras laissé de la place à l'imagination.
- Tiens, ça me fait penser à une phrase que j'ai dite un jour, ça ressemblait à une maxime connue.
- Ça ressemblait à : « La science-fiction, c'est la goutte d'imagination... »
- « ... qui fait déborder le vase de la réalité. »
- Là tu parles José !
- Merci Ti-Joe !
Les choses se déforment facilement quand on regarde en arrière.
[Hermann Hesse] «Biographie indienne»
Vous croyez qu’on ne peut rien changer au passé ?
C’est que vous n’avez pas encore écrit vos mémoires !
[Anonyme]
Je suis né un 2 juillet, vers la fin de l’après-midi. Mes balbutiements étaient confus, comme mon père. Il avait beau être bon en maths, il devait se sentir le coeur jeune, parce qu'en juillet 1978, si tu es né en février 1964, dans mon livre à moi, tu as 14 ans.

Je suis né à Montréal sur la rue Chambord ; pour ceux qui ne sont pas au courant : Montréal se trouve au Canada, dans la province de Québec. Je suis le fils de Carmen et de Roland, et frère de Serge et de Michel (qui n'a pas eu de chance et est décédé à l'âge de huit mois, quelques années avant la naissance de Serge). Mon frère Serge n'a que deux ans de plus vieux que moi.
D'année en année, je grandissais, toujours devancé par mon frère... Le 13 septembre 1967, lorsque j'avais trois ans, mon père meurt d'une insuffisance cardiaque globale. Un peu plus tard – deux semaines seulement ! – ma mère accouche d'une petite fille qui fut baptisée Colombe. Peu après, nous nous sommes retrouvés sur la rue Des Érables, dans un très grand logement au deuxième étage.
À l'âge de dix ans, je commençais à m'intéresser aux bandes dessinées. J'en commençais, mais je n’en finissais jamais. Toutefois, un bon jour, j'en terminai une que j'intitulai : Le voyage fantastique de Guy et de Sylvie. Bien sûr, je ne dessinais pas très bien, surtout en ce qui concerne les femmes. C'est ce qui me donna le gout de faire une bande dessinée en inventant des hommes et des femmes masquées. A peine ai-je commencé que je me suis arrêté, trouvant cela trop long. Je vais quand même vous présenter les personnages que j’avais nommés Les dix super héros de la loi.
Leur chef se nomme Joslo. Un nom que j'ai composé à partir de mon nom. Avec son casque électronique, il est le plus grand savant de l'univers. Grace à ses ailes et ses réacteurs, il peut voler à la vitesse d'un jet supersonique. Et il est assez fort pour lever un bébé éléphant. Son meilleur ami, Pointo, est un homme aux poings d'acier qui peut détruire un mur de béton. Il possède aussi des ailes et des réacteurs tout aussi puissants que ceux de Joslo. Puis vient Beaux-Yeux, une très belle fille qui peut nous faire faire n'importe quoi avec ses yeux superbes. Elle connait une nouvelle façon de voyager. Si elle veut se rendre aux Indes, par exemple, elle n'a qu'à regarder une image, un livre sur les Indes, et grâce à sa pensée, elle s'y retrouve instantanément. Puis il y a Bâton, l'homme qui, à l'aide de son bâton, peut faire n'importe quoi : jouer au billard, au golf, au tennis, au tir, etc. Le cinquième personnage s'appelle Savat, l'homme qui peut détruire un mur de béton en lui administrant une simple savate. De plus, ses bottines spéciales lui permettent de tirer des coups de feu. Un sixième personnage porte le nom de Transport. Cet homme, grâce à ses longues antennes peut se transformer en n'importe quelle chose : un char d'assaut, des souliers, un sous-marin, un soutien-gorge, un parapluie, etc. Il y a aussi Carra, qui, à l'aide de sa carabine, peut tirer des tas de choses, comme du feu, de l'eau, des flèches, des balles, des obus, etc. Un autre, bien armé, se nomme Cowboy. Il possède six puissantes armes : son chapeau lui permet de voler comme un hélicoptère, son foulard une fois mouillé peut mesurer mille pieds, un révolver avec une portée de tir d'environ cinq miles, un fouet autonome qui peut aller étrangler la cible choisie ou qui peut aller chercher de l'aide, un couteau qui peut se multiplier et servir d'arme à feu ou de bombe et, finalement, ses bottes qui peuvent lui servir de crochet d'alpiniste ou de hache. Les deux derniers personnages sont Fort et Changeur. Fort est le colosse qui peut transporter une maison complète sur ses épaules pendant quelques semaines; Changeur est un être qui peut se changer en n'importe quel des neufs autres super héros de la loi.
Lorsque j'ai commencé à trouver cela trop long, je me suis mis à écrire des histoires, ce qui m'a permis de faire des dessins plus compliqués en me concentrant sur un seul à la fois. Ma plus longue histoire que j'ai commencée date du 12 décembre 1977.
Dans ma jeunesse, je n'ai pas seulement fait des bandes dessinées, car un de mes passe-temps favoris a toujours été de faire des plans de maison. La plus belle maison que j'ai imaginée est nul doute celle en forme de trèfle comprenant une piscine et une patinoire.
Mais mes passe-temps préférés resteront toujours faire des dessins et écrire mon histoire. Même quand j'allais à la campagne, j'amenais mon histoire, mon grand roman. Cependant, je n'avais pas le temps d'écrire car je m'amusais trop bien. L'été, j'allais au parc La Fontaine ou à l'île Sainte-Hélène et, quand je revenais, je sautais dans mon histoire.
Mais aujourd'hui, le 2 juillet 1978, je ne suis pas allé avec ma sœur à la piscine Fullum du parc Baldwin et mon cousin est à la campagne : je continue donc mon histoire car je suis un peu fatigué. Je suis rendu seulement au chapitre huit, parce que j'ai eu de la difficulté à me décider sur certains points de ma vie.
À suivre dans : Bio-2 : Ami(e)s d'adolescence
Fait suite à : Bio-0 : Qui est l’homme derrière tout ça ?
-----------------------------------------------------------------------
Notes, références et légendes des figures (numérotées de haut en bas)
1 : Robert, P. (1984). Le petit Robert 1. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française. Rédaction dirigée par A. Rey et J. Rey-Debove. Le Robert, Paris. (p. 266).
Fig. 1 : José le 21 novembre 2005, à Chambly ; photo de Marie-Pascale Michaux; utilisé sur Paroles de Psy, un vieux blog de José, à partir de novembre 2006.
Fig. 2 : José sur sa carte d'étudiant de la Polyvalente Jeanne-Mance, en secondaire II ; année scolaire 1977-1978.
N.B. : Le texte ci-dessus est basé sur une histoire vraie. Cependant, n'oubliez pas que :
1) mes avertissements généraux s'appliquent aussi aux textes de cette section ;
2) il s'agit de ma propre vérité, à partir de mes points de vue et jugements personnels du moment ;
3) la mémoire est toujours un processus de reconstruction mentale et une faculté qui oublie ;
4) presque tous les personnages ont des noms fictifs.